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Bienvenue à la section réunionnaise de la LDH

La Ligue des Droits de l’Homme à la Réunion
97 avenue de Lattre de Tassigny  – 97490 Ste-Clotilde  
TEL : 0692 69 01 71
Courriel : saintdenis-reunion@ldh-france.org 

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Bureau 2021-2022

– Coprésidents : Isnelle GOULJAR, Jean-François RIVOLO, ;

– Secrétaires : Dominique RIVIÈRE, Auriane GONZALES,

– Trésorier : Michel LESCAT,

Adrien BARET, Aline DAGUT, Marie-Annick GRIMA, Jacques PENITOT, Christiane SUDNIKOWICZ.

Bureau  2020-2021

Issu de notre assemblée générale du 28/11/2021 :

– Co-présidence : Reine-Claude GRONDIN,  Dominique RIVIÈRE (délégués régionaux);

– Vice-Présidence : Isnelle GOULJAR ; Jean-François RIVOLO ;

– Trésorerie : Jacques PENITOT ; Christiane SUDNIKOWICZ ;

– Secrétariat : Dominique RIVIÈRE ; Reine-Claude GRONDIN ;

– Déléguée Région SUD: Clotilde PAUVERT

– Délégué Région OUEST : Guillaume BRIONNE

Aline DAGUT ; Marie-Annick GRIMA ; Darmapalah SEETHANEN 

La ligue est organisée en groupes de travail spécialisés auxquels les membres et sympathisants sont invités à participer.

Lieux de réflexion et de proposition, les groupes de travail thématiques permettent de préparer les décisions nationales ou locales de la LDH, de diffuser des informations et analyses,   notamment à travers la revue « Droits & Libertés ». Ces groupes de travail organisent également des réunions d’information, des débats et des sessions de formations.

Vous souhaitez participer, rejoindre un ou deux groupes de travail ?

  • DÉMOCRATIE ÉCONOMIQUE, TRAVAIL ET DROITS DE L’HOMME
  • DISCRIMINATIONS, RACISME, ANTISÉMITISME
  • ENVIRONNEMENT
  • IMMIGRÉS
  • LUTTE CONTRE LES EXTRÊMES DROITES
  • JEUNESSE ET DROITS DE L’ENFANT
  • JUSTICE-POLICE
  • LAÏCITÉ
  • LIBERTÉS ET TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION
  • LOGEMENT
  • MAGHREB / MOYEN-ORIENT
  • MÉMOIRES, HISTOIRE, ARCHIVES
  • PRISONS
  • ROMS
  • SANTÉ, BIOÉTHIQUE

IMPORTANT : vous ne pouvez pas vous inscrire à plus de deux groupes de travail. Être inscrit à un groupe de travail signifie s’investir sur le sujet et dans la mesure du possible participer aux réunions.

TÉLÉCHARGER LE BULLETIN D’INSCRIPTION AUX GROUPES DE TRAVAIL DE LA LDH

 

RAPPEL : ACTIONS ÉDUCATIVES ET CONCOURS ECRITS POUR LA FRATERNITE (2022)

Chers correspondants,

Nous saisissons l’occasion de la rentrée scolaire, pour vous rappeler notre concours national Ecrits pour la Fraternité et nos propositions d’actions éducatives en milieu scolaire.

1) Concours Ecrits pour la Fraternité. A partir d’une citation de Victor Hugo, « Rien de de tel que le rêve pour engendrer l’avenir. »  c’est sur le thème d’un monde nouveau pour les droits et libertés, l’égalité et la fraternité, que nous invitons les élèves à s’exprimer. Les enseignants sont invités à inscrire leur classe en adressant un simple courriel à notre adresse : saintdenis-reunion@ldh-france.org, selon la notice et la fiche de participation ci-jointes.

2) Autres Interventions éducatives à la demande : Comme les années précédentes, et dans le fil de la mobilisation pour la transmission des valeurs de la République, nous proposons également des modules de 2 heures minimum, sous forme de débats ou d’animations pédagogiques permettant d’aborder  divers thèmes, liés ou non à l’actualité, tels que : la démocratie, la laïcité, les droits, l’égalité de genre, la lutte contre les discriminations, l’éco-citoyenneté, l’historique et la libération de l’esclavage, la diversité culturelle. Ces interventions font l’objet d’une convention prévoyant une indemnisation de 120 €.

3) Journée des Droits de l’Enfant (20 novembre)Il s’agit d’une journée éducative et récréative en liaison avec divers établissements scolaires volontaires, que nous organisons chaque année, autour de la date du 20 novembre, dans un lieu se prêtant à diverses animations par niveaux d’âge.

4) Journée de la Laïcité (9 décembre) et anniversaire de la DUDH (10 décembre) :  Comme chaque année, nous souhaitons également organiser une journée autour du thème de la laïcité et de la DUDH avec l’intervention d’élèves des écoles. Cette manifestation qui se déroule habituellement sur le Parvis des droits de l’homme et de la laïcité à Saint-Denis pourrait cette année se dérouler à Saint-Pierre.

5) Kozemsemb : Cette initiative nouvelle, pilotée par des étudiants en liaison avec la LDH, est destinée à lutter contre les stéréotypes de genre, les discriminations et les violences faites aux femmes et LGTB+., et propose notamment des débats et des initiatives sur réseaux sociaux.

Nous sommes à votre disposition pour vous présenter ces initiatives et sollicitons le concours du rectorat pour la diffusion de nos propositions auprès des équipes pédagogiques des établissements scolaires.

Nous vous prions d’agréer, chers correspondants, l’expression de notre meilleure considération.

Isnelle GOULJAR, Jean-François RIVOLO, coprésidents

CONCOURS « ÉCRITS POUR LA FRATERNITÉ »

30ème Edition : 2021-2022

« RIEN DE TEL QUE LE RÊVE POUR ENGENDRER L’AVENIR »

Le concours est organisé par la Ligue des Droits de l’Homme. Il s’adresse, avec le concours des établissements scolaires et des enseignants, aux catégories suivantes:

1) Grandes sections, CP, CE1 ; 2) Ce2, cm1, cm2 ; 3) 6e, 5; 4) 4e, 3e

5) Lycées et formations professionnelles ; 6) Classes et établissements spécialisés

7) structures complémentaires de l’éducation nationale, centre de loisirs, conseil municipal de jeunes, etc.

Thème : C’est sur le thème d’un monde nouveau, respectueux des droits, des libertés, de l’égalité et de la solidarité que nous proposons aux enfants et aux jeunes de s’exprimer pour cette 30e édition du concours. A partir d’une citation de Victor Hugo dans Les Misérables, on pourra analyser la période que l’on vient de vivre et se projeter dans un avenir différent, celui dont nous rêvons toutes et tous :

« Rien n’est tel que le rêve, pour engendrer l’avenir »

Votre rêve, notre rêve d’aujourd’hui peut devenir la réalité de demain…

Nous tous, adultes, jeunes et enfants, avons besoin d’imaginer l’avenir après ces longs mois de crise sanitaire et de privations de libertés.

En espérant que vous serez nombreux à participer activement au concours « Écrits pour la fraternité », nous restons à votre disposition pour tout renseignement. Bon concours à toutes et à tous !

Récompenses : A la Réunion, un jury sera réuni et les meilleures œuvres seront récompensées et envoyées au niveau national. Dans chaque catégorie, les œuvres individuelles et collectives seront primées séparément. Les œuvres écrites, graphiques, plastiques, vidéographiques et musicales seront primées de façon confondue.

Calendrier :

Avant le 31 mars :

Les établissements qui ont l’intention de participer doivent s’inscrire, par mail, auprès de la Ligue des Droits de l’Homme à la Réunion :  saintdenis-reunion@ldh-france.org

Avant le 1er avril 2021 : Envoi des œuvres des élèves (individuelles ou collectives) en joignant la fiche de participation qui sera renvoyée lors de l’inscription.

Entre le 2 et le 14 avril 22021 : Réunion du jury local.
Avant le 23 avril 2021 : Envoi au jury national des deux meilleures œuvres (individuelles et collectives) de chaque catégorie.

Tous autres détails sur : https://www.ldh-france.org/rien-nest-tel-que-le-reve-pour-engendrer-lavenir/

La Ligue des Droits de l’Homme à la Réunion

97 avenue de Lattre de Tassigny – 97490 Ste-Clotilde – TEL : 0692 69 01 71
Courriel : saintdenis-reunion@ldh-france.org – Site : http://site.ldh-france.org/saintdenis-reunion/

https://www.facebook.com/ldh.reunion; https://twitter.com/LDHReunion

FICHE DE PARTICIPATION

https://www.ldh-france.org/wp-content/uploads/2021/08/fiche-participation-enfants-2021-2022.pdf

« Les chemins de la Laïcité »

LDH à la Réunion

INVITATION« Les chemins de la Laïcité »La Ligue des droits de l’Homme à la Réunion a le plaisir de vous inviter à participer à une conférence-débat, à l’occasion de la journée nationale de la Laïcité :« Les chemins de la Laïcité »

Le mercredi 9 décembre à 17H30 Salle Polyvalente de la Mairie de Saint-Denis

Avec les interventions de :

  • Mme Reine-Claude GRONDIN, historienne,
  • M. Daniel CADET, Formateur,
  • et la présentation du livre de Nicolas CADENE

Rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité « En finir avec les idées fausses sur la Laïcité »

En parallèle, seront présentés différents panneaux de l’exposition « Laïcité, tout simplement » proposée par l’Union des Familles Laïques.

Sur inscription : En raison des contraintes sanitaires, nous vous demandons de bien vouloir confirmer votre participation en adressant un mél à notre adresse : saintdenis-reunion@ldh-france.org

                                                                                 TRIBUNE

21 mars : Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale

Liberté, Égalité, Papiers !

Solidarité avec les migrants !

Résister ensemble au racisme et au fascisme !

Depuis plusieurs années, dans le monde, de l’Europe aux États-Unis, se mettent en place des politiques racistes, nationalistes et liberticides sur le dos des Immigré·e·s. Partout cela s’accompagne du renforcement de toutes les inégalités sociales et de l’exploitation de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs. En légitimant les idées les plus réactionnaires de l’extrême-droite ces politiques ouvrent la voie aux courants fascistes.

En France, le gouvernement a récemment franchi un cap avec la loi Immigration qui se rallie à l’idéologie raciste de la préférence nationale. Cette loi impactera concrètement la vie quotidienne de ceux et celles qui vivent et travaillent dans notre pays et de celles et ceux qui arriveront demain.

Dans le même temps, depuis quelques semaines, la chanteuse française d’origine malienne AYA NAKAMURA, pressentie pour chanter lors de la cérémonie d’ouverture des JO, fait l’objet d’une odieuse campagne publique d’insultes ouvertement racistes. Malgré des condamnations répétées des leaders d’extrême-Droite, notamment Mme LE PEN et Eric ZEMMOUR, pour des faits de provocation à la haine raciale, la banalisation du racisme va de pair avec la montée des mouvements fascistes en France et en Europe.

De toute évidence, après 5 siècles de colonialisme et d’esclavagisme, le racisme comme rapport de domination est non seulement transversal mais structure tous les espaces sociaux, au-delà de l’Extrême-Droite, favorisant l’exploitation des préjugés et conduisant à « l’ensauvagement » dont parle Aimé Césaire.

Aujourd’hui même à la Réunion, circule une pétition qui comporte des propositions illégales et des commentaires clairement racistes et stigmatisants à l’encontre des « mahorais » et des « comoriens » dans notre Île.

Face à ce constat, nous appelons à défendre les droits et la dignité de chaque être humain, quelle que soit son origine. Notre arme est la solidarité.

Nous appelons les organisations démocratiques, au-delà de toutes divergences d’opinion, à mettre en place une plate-forme commune contre le racisme et le fascisme en France et en Europe, pour éviter le désastre démocratique et social sans précédent que représenterait une éventuelle victoire de l’Extrême-Droite aux prochaines élections.

A l’occasion de ce 21 mars, Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale, nous appelons les Réunionnaises et les Réunionnais, qui ont connu le racisme systémique, à résister à l’idéologie de la haine de l’autre et à marquer leur solidarité avec les migrants du monde entier, femmes, hommes, enfants.

Dans nos quartiers et nos lieux de travail, avec tous ceux qui se trouvent confrontés au racisme et à la discrimination dans le monde, unissons-nous pour la liberté, la dignité et l’égalité des droits. Proclamons ensemble que notre monde s’appelle Solidarité !

Fait à Saint-Denis, le 20 mars 2024

La LDH à la Réunion

Notre assemblée générale de la LDH à la Réunion ce 17 Décembre 2022, à partir de 9H00

sur l’ordre du jour suivant :

– Rapport Moral ;

– Rapport d’Activités ;

– Rapport financier ;

– Débat d’orientation ;

– Renouvellement du bureau.

Laïcité & Droits humains 2022

Laïcité et progrès des droits humains

Charles ARAMBOUROU

Permettez-moi d’abord de remercier les associations réunionnaises d’éducation populaire qui m’ont invité : les CEMEA, le CNAJEP, la Ligue de l’Enseignement, la Ligue des Droits de l’Homme, l’Union des familles laïques, UFAL –dont je fais partie. Un grand merci également aux institutions locales partenaires : la Région et le Département, ainsi que l’Académie de la Réunion. Ce partenariat atteste du rôle indispensable de l’éducation populaire pour transmettre et faire vivre les principes et valeurs de la citoyenneté républicaine.

La date prochaine du 9 décembre, où la République célèbre la loi de séparation des Eglises et de l’Etat de 1905, est l’occasion pour nous d’aborder la laïcité sous l’angle du progrès des droits humains. Je voudrais vous montrer que 1) si la laïcité est née dans la foulée des droits humains, 2) elle est une condition indispensable de leur réalisation pleine et entière.

Vous m’excuserez, je parle le plus souvent des Droits de l’Homme, avec un grand H qui inclut donc les femmes, mais surtout par référence à notre texte fondateur –fondateur aussi pour le droit international-, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789, à valeur constitutionnelle. Je cite son préambule :

« Les Représentants du Peuple Français, constitués en Assemblée Nationale, considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu d’exposer, dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’Homme, (…) »

Et la laïcité ? Eh bien, vous la trouvez dans la démarche même. Si la Déclaration se place, très formellement, « sous les auspices de l’Être suprême », elle définit et énumère les droits humains sans aucune référence à dieu (contrairement par exemple à la Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis de 1776, très créationniste). La Déclaration ne puise sa source que dans la violation des droits par l’oppression humaine. Un siècle et demi plus tard, au lendemain de la Guerre, la Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948 procèdera de même :

« (…) Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l’homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l’humanité » (génocides nazis, notion de crime contre l’humanité au procès de Nuremberg).

La Déclaration universelle de 1948 est reprise et précisée par la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales 4 novembre 1950 (3 septembre 1953). Emanant du Conseil de l’Europe (47 pays – 1), elle a pour juge la CEDH de Strasbourg. De même, les pays de l’UE adhèrent à la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne (7 décembre 2000, adaptée au 30 mars 2010), dont le juge est la CJUE de Luxembourg.

Voilà le cadre actuel, pour la France, des droits humains. Evidemment, de 1789 à nos jours, ils ont fait des progrès. Je ne vais pas vous citer les nombreuses novations intervenues : nous en parlerons ensemble. Mais la définition de ces droits inaliénables ne s’est pas faite sans mal. Revenons à l’origine : notre Révolution française, et à sa Déclaration :

Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

Art. 2. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression. »

La Déclaration d’Indépendance américainedisait : « La vie, la liberté et la recherche du bonheur ». Intéressant, le bonheur : il a figuré en France dans la nouvelle Déclaration des droits de 1793, jamais appliquée. Selon son art. 1er « Le but de la société est le bonheur commun », quant aux « droits naturels et imprescriptibles de l’Homme », c’étaient(art. 2.): « l’égalité, la liberté, la sûreté, la propriété. ». L’ordre des mots, en droit, est important. La propriété vient à la fin, et l’égalité précède la liberté –voilà un texte égalitaire, contrairement à celui de 1789, essentiellement libéral. En 1793, la gauche montagnarde était au pouvoir.

Ceci nous montre bien qu’en démocratie, les droits ne sont jamais acquis ni définis, et dépendent des combats menés par les citoyens pour leur défense, leur extension, leur élargissement : la politique, au sens noble, mais aussi l’éducation populaire. Si les principes de la liberté et « l’égalité en droits » ont entraîné dès la Révolution une série de progrès des droits humains, ce ne fut donc ni sans débats ni sans combats politiques. En voici 4 exemples :

  1. Accorder la citoyenneté aux Juifs ; 1789, le député Clermont-Tonnerre : « Il faut tout refuser aux Juifs comme nation et tout accorder aux Juifs comme individus. Il faut qu’ils ne fassent dans l’État ni un corps politique ni un ordre. Il faut qu’ils soient individuellement citoyens.  » Il fallut néanmoins attendre le décret du  27 septembre 1791, à cause de la violente opposition de députés issus du clergé catholique ;
  • Abolition de l’esclavage, par le décret du 4 février 1794. Là, c’est encore plus compliqué, on en sait quelque chose à la Réunion (ainsi appelée depuis 1793). En 1796, la délégation armée chargée par la République de faire appliquer le décret est virée avec perte et fracas par les « Gwo Blancs », et l’Île échappe au contrôle de la République. Les abolitionnistes (l’abbé Grégoire, Mirabeau, Condorcet, Lafayette -plus tard Olympe de Gouges et Robespierre) se heurtèrent au puissant lobby des planteurs (club de l’hôtel de Massiac). Bonaparte rétablit l’esclavage en 1802… Il va falloir attendre 1848 : on en reparlera. ;
  • Instruction publique : c’est là qu’apparaît l’idée de séparation, avec Condorcet (1791 Cinq Mémoires sur l’Instruction publique, 1792 Rapport et projet de décret…) :
  • pas de République sans citoyens éclairés par l’instruction publique ;
  • séparer l’instruction publique de l’enseignement des cultes particuliers (mais maintenir une instruction privée) ;
  • la République doit s’aveugler sur les croyances individuelles des citoyens [Condorcet était opposé au culte d’Etat de Robespierre]
  • Séparation des cultes et de l’Etat (décret du 21 février 1795) : la République « garantit la liberté des cultes », mais « n’en salarie aucun », « ne fournit aucun local » pour leur exercice, « ne reconnaît aucun ministre du culte ». Si le mot laïcité n’existe pas encore, elle est déjà instaurée juridiquement… pas pour longtemps, hélas !

En effet, la séparation est supprimée pour plus d’un siècle par Napoléon Bonaparte, qui instaure de 1801 à 1808 le régime concordataire des 4 cultes reconnus –et financés par l’Etat. Toujours pratiqué en Alsace et Moselle… Période de régression des droits humains, avec une lueur, quand même, l’abolition de l’esclavage en 1848 –justement après le retour provisoire à la République.

Malgré le second Empire depuis 1851, les Républicains agissent, parfois au péril de leur vie. En 1866 Jean Macé fonde la Ligue de l’Enseignement, qui milite pour une école laïque, gratuite et obligatoire. Après la chute de l’Empire en 1870, la République va concrétiser cette revendication, avec les lois Ferry, notamment celle de 1882. Le droit à l’instruction est réalisé pour tous. Il sera constitutionnalisé en 1946.

En 1898, contre l’antisémitisme à l’origine de l’affaire Dreyfus, se crée la Ligue des Droits de l’Homme. Elle élargira progressivement son action aux droits politiques, sociaux, internationaux. Elle milite aussi pour la laïcité de la République : deux de ses présidents, Francis de Pressensé (1903) et Ferdinand Buisson (1913) jouent un rôle essentiel dans la préparation de la loi de 1905. Car c’est la loi « de séparation des Eglises et de l’Etat » qui renoue 110 ans après avec le projet émancipateur de la Révolution, dont elle reprend même certains termes :

art. 1er : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public » ;

art. 2 [principe de séparation] : « La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte (…) ».

Ce qu’il faut retenir, c’est que l’idée de laïcité émerge en même temps que les droits de l’Homme comme fondement du cadre juridique de la République. Mais en même temps –et ce sera ma deuxième partie-, sans laïcité, aucun des droits humains n’est pleinement réalisé.

Prenons simplement le triptyque de la République : liberté, égalité, fraternité.

La première phrase de l’art. 1er de la loi de 1905 place en tête une liberté qui est donc prépondérante : la liberté de conscience. Le Conseil constitutionnel en a trouvé le fondement dans l’art. 10 de la Déclaration de 1789 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. » Vous avez bien entendu : le texte distingue les opinions, même religieuses, et leurs manifestations. « Nul ne doit être inquiété » pour les premières : la liberté d’opinion est donc absolue. Mais que serait-elle sans leurs manifestations, qui, elles, sont limitées par la loi. Et c’est normal. La Déclaration de 1789 définit la liberté dans son art. 4 :

La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.

C’est ce qu’on appelle la « valeur relative des libertés », principe démocratique fondamental, que l’on retrouve aujourd’hui dans tous les textes internationaux fondant les droits humains. Je dirai que toute liberté se définit par ses limites. Sauf une : la liberté de conscience, la seule à comporter un volet « absolu », qu’on appelle aujourd’hui « liberté de pensée ». Voilà ce qui fait sa supériorité. Là où elle n’est pas assurée, il n’est point de liberté complète.

Mais l’art. 1er la loi de 1905–article principiel- n’a pas seulement placé la liberté de conscience avant la liberté de culte, il l’en a séparée par un point. Pourquoi ? Parce que le libre exercice des cultes est seulement une manifestation des croyances religieuses, donc limité par la loi. Ce qui relève de la liberté absolue de pensée, c’est toute croyance –même d’une seule personne-, toute conviction philosophique, voire toute conviction négative. La liberté de conscience inclut la liberté de culte, alors que l’inverse n’est pas vrai : elle lui est donc supérieure. CQFD. Il est par conséquent faux de dire : « la laïcité garantit la liberté de conscience ET le libre exercice des cultes ». Non, pas « et », POINT ! Sans compter qu’assurer c’est autre chose que garantir

Abordons maintenant l’égalité. Ce mot n’est pas prononcé dans les principes de la loi de 1905 -celui de laïcité non plus. C’est le principe même de séparation « des Eglises et de l’Etat », titre de la loi, qui renforce l’égalité entre les citoyens. Il interdit à la République, garante de l’intérêt général, d’être liée à un culte particulier.

Voilà le fondement de l’obligation de neutralité religieuse et politique des agents publics –que la loi du 24 août 2021 vient d’étendre à tous les salariés, même privés, participant à l’exécution d’une mission de service public. Mais pas aux bénévoles : le débat se poursuit. Car le service public doit non seulement être neutre, mais en offrir l’apparence.

Une remarque sur le principe de séparation : on se trompe souvent sur le sens de «  La République ne reconnaît, (…) aucun culte ». En réalité l’Etat connaît l’existence des cultes, et a même le devoir d’en tenir compte. Mais la loi de séparation de 1905 avait précisément pour but d’abolir le Concordat et les articles organiques mis en place par Napoléon. N’étaient reconnus, et financés par l’Etat, que 4 cultes (catholique, 2 protestants, israélite), dotés du statut d’établissements publics ! C’est toujours en place en Alsace et en Moselle, à nos frais à tous, et malgré l’avis contraire de la majorité de la population. Or, dans ce système, que deviennent les citoyens qui, soit adhèrent à des cultes non reconnus, soit n’adhèrent à aucun ? Rien, ce sont des citoyens de seconde zone. Si la République a mis fin à toute reconnaissance des cultes, c’est justement pour assurer l’égalité entre les citoyens. On dit qu’elle « s’aveugle volontairement » sur leurs convictions.

Mais il me faut, pour finir, aborder la fameuse fraternité. Elle n’est reconnue comme principe constitutionnel que depuis 4 ans : exemple même d’un progrès des droits humains. Le Conseil constitutionnel (QPC du 6 juillet 2018) l’identifie à tout « acte d’aide apportée dans un but humanitaire » pour « préserver l’intégrité physique, ou la dignité d’une personne, même en situation irrégulière ». Il s’agissait en effet de l’aide au séjour des migrants clandestins.

Rappelons néanmoins que, dès 1789 la fraternité était présente et créatrice de droits : droit à la subsistance par le travail, au secours public pour les nécessiteux, à l’instruction publique. C’est la base des droits sociaux, et du principe de solidarité, repris par la deuxième République en 1848. Un siècle plus tard, l’art. 1er de la Constitution de 1946 a fait de la France une république sociale. Les « principes particulièrement nécessaires à notre temps » du Préambule de 1946 concrétisent la fraternité dans des « droits créances » : égalité de la femme, droit d’asile, droit au travail, liberté syndicale, droit au développement de l’individu et de la famille, à la protection sociale, au repos et au loisir, à la retraite, à l’instruction. Concrètement, c’est la création de la protection sociale « solidaire », avec la « Sécu ».

Et la laïcité dans tout ça ? Eh bien essayez d’imaginer des droits sociaux sans laïcité, qui différeraient selon la religion des intéressés : ils cesseraient à l’instant d’être des droits, et deviendraient pour certains des privilèges, pour d’autres des discriminations. Un exemple ? Ce n’est pas très loin : Mayotte. Les droits de la famille, ou ceux des femmes diffèrent, selon que vous relevez du droit commun de la République -du juge, ou du statut personnel musulman encore toléré –du cadi.

La fraternité républicaine n’est plus possible si certaines communautés sont reconnues et régies par des lois particulières : c’est ce que l’on appelle le « communautarisme ». Attention, le communautarisme, ce n’est nullement le fait de se sentir membre d’une « communauté » – c’est un Basque qui vous le dit ! Non, le communautarisme, c’est le fait de se considérer collectivement à part de la République et de ses lois, et de revendiquer des droits particuliers.

C’est bien pourquoi les termes de l’art. 1er de la Constitution sont inséparables : « une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ». Observez encore l’ordre des adjectifs ! Le principe de fraternité nous fait comprendre comment la laïcité est directement liée à l’indivisibilité et au caractère social de la République : les mêmes droits pour tous ! La fraternité, c’est ce qui fait que nous nous reconnaissons mutuellement comme « citoyens libres et égaux », même si, à titre personnel, nous ne nous aimons pas. Je déteste mon agresseur, mais je lui reconnais le droit à un procès équitable !

Attention, la fraternité régule aussi l’expression de la haine. Je n’ai pas le droit d’insulter mes concitoyens, de les diffamer, d’inciter à la haine contre eux à raison de leurs croyances, de leurs origines, de leurs appartenances, etc. En revanche, parce que c’est ma liberté d’expression, j’ai le droit de critiquer leurs opinions, même leurs croyances religieuses –y compris par des caricatures grossières ou de mauvais goût. Le blasphème n’existe que pour les croyants : il n’a pas de sens en droit français. Nous pourrons en débattre, car il n’y a pas de tabou ici.

Pour terminer en toute fraternité, je vous propose de faire une petite expérience de pensée sur le progrès des droits humains. Si vous le voulez bien, imaginons ensemble.

1) Imaginons une île coupée du monde. Et imaginons que dans cette île se pratique depuis toujours une seule religion. Tous les insulaires sont-ils croyants ? Vous savez bien que non, car le principe de contradiction et le libre examen individuel sont inhérents à la raison humaine. Pour simplifier, admettons qu’il ne s’y trouve qu’un seul individu incroyant. Cet incroyant sera-t-il libre de s’exprimer, ou d’éduquer ses enfants ? Non, puisqu’une seule conviction apparaît possible à tous les autres : il encourrait au mieux le discrédit public, au pire le bûcher.

2) Imaginons maintenant qu’un missionnaire débarque sur l’île. Imaginons qu’il ne soit pas mangé par les habitants, et qu’il réussisse à les convaincre de lui reconnaître le droit de convertir à sa propre religion ceux qui le veulent. L’île vient d’inventer la tolérance, ainsi que la liberté de religion, puisqu’il devient possible qu’une troisième, une quatrième… une énième religion se développent. Toutes les libertés sont-elles pour autant assurées ? Non, car n’oublions pas notre unique incroyant ! S’il vient à ouvrir la bouche ou à réclamer un peu de discrétion aux cultes qui se font une concurrence tapageuse, il verra se retourner contre lui les adeptes d’une, deux, trois… n religions !

3) Imaginons alors qu’un philosophe rejoigne l’île, imaginons qu’il ne soit pas mis à mort sur ordre des prêtres, et qu’il convainque les autorités que l’incroyance est aussi respectable que les religions. On autoriserait donc toutes les convictions. Notre unique incroyant serait ainsi reconnu à égalité avec les adeptes des autres cultes : on le ferait entrer au Conseil des Anciens, au titre de « représentant de l’incroyance », pour respecter le pluralisme des convictions. Tous les habitants de l’île auraient la possibilité d’opter pour une religion de leur choix, ou de se déclarer incroyants. La liberté serait-elle assurée ? Non, vous n’y êtes toujours pas ! Car il est impossible (toujours en vertu du principe de contradiction) qu’il n’y ait pas au moins un individu qui refuse d’avoir une conviction, ou simplement de la déclarer.

4) Voilà tout le monde bien embêté : comment respecter le pluralisme au Conseil des Anciens si certains individus ne peuvent, ou ne veulent pas, être « représentés » pour leurs convictions ? Et finalement, cette représentation des convictions  au Conseil des Anciens était-elle une bonne idée ? C’est l’impasse : OU le pluralisme par la représentation communautaire, OU la liberté de chaque individu.

5) Pour en sortir, un dernier effort s’impose. C’est d’imaginer une liberté bien plus importante que les libertés religieuses ou le pluralisme des convictions, une libertéqui englobe et dépasse toutes les autres. Chiche, imaginons ! Eh bien, cela s’appelle la liberté de conscience. Tout simplement.

Imaginons enfin que le gouvernement de l’île décide de faire respecter partout et par tous (de tous les genres) cette liberté de conscience : il vient d’inventer… la laïcité !

…Mais nous ne sommes pas dans une île coupée du monde. Nous sommes à la Réunion, dans le cadre d’une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. La liberté de conscience, ce droit humain si fondamental, y règne déjà… faisons la vivre en toute égalité. Je vous remercie.

Mille visages de nos marmailles en fête !

Magnifique Journée des Droits de l’Enfant à Bras Panon, ce 21 novembre 2022, avec quelques 1200 marmailles, un grand nombre d’ateliers et de nombreux partenaires coopératifs. Merci à tous.

Écrits pour la Fraternité, édition 2022-2023

« Il n’y aura pas de paix sur cette planète tant que les droits de l’Homme seront violés en quelque partie du monde que ce soit »

(René CASSIN, Membre en son temps de la LDH, prix Nobel 1968 )

Pour s’inscrire nous écrire : saintdenis-reunion@ldh-france.org

Voir aussi : https://www.ldh-france.org/il-ny-aura-pas-de-paix-sur…/

CONCOURS « ÉCRITS POUR LA FRATERNITÉ » 2022-2023

Pour qui ? Le concours « Écrits pour la fraternité » s’adresse aux enfants et aux jeunes des classes de grande section de maternelle, de primaire, de collège, de lycée, d’établissement spécialisé, mais aussi aux centres de loisirs et aux individuels.

Comment ? Le respect du thème est primordial mais les œuvres, individuelles ou collectives, peuvent prendre plusieurs formes : textes en prose ou en vers, scènes de théâtre, textes de chanson, chansons en musique, œuvres vidéographiques, objets et œuvres graphiques, qui sont réparties en plusieurs catégories d’âges ou d’établissements ;Comment s’inscrire :- Les enseignants doivent écrire à notre adresse locale :saintdenis-reunion@ldh-france.org Concernant les échéances :- les participants ont jusqu’au 3 avril 2023 pour envoyer leurs œuvres aux représentants locaux de la LDH avec les fiches de participation rattachées à chaque œuvre ;

Voir la plaquette et tous détails sur : https://www.ldh-france.org/il-ny-aura-pas-de-paix-sur…/

La Ligue des Droits de l’Homme à la Réunion97 avenue de Lattre de Tassigny – 97490 Ste-Clotilde – TEL : 0692 69 01 71 (SIREN :429 320 476)Courriel : saintdenis-reunion@ldh-france.org – Site : http://site.ldh-france.org/saintdenis-reunion/https://www.facebook.com/ldh.reunion; https://twitter.com/LDHReunion

Préférence régionale ? Saisine du Défenseur des Droits

Une seconde saisine de la LDH à la Réunion porte pour sur la récente affaire du CNFPT qui a fait polémique dans notre Île, sur la notion de « préférence régionale » et sur les éventuelles discriminations « positives » qu’il serait possible d’envisager en matière d’emploi dans notre région d’Outre-mer.

Sur le cas du CNFPT, la saisine pose inévitablement la question de l’existence d’une discrimination individuelle prohibée soit au détriment de M. BOUKERROU, soit au détriment d’un ou de plusieurs candidats écartés, alors même qu’aucun recours n’a été exercé.

Sur la notion de «préférence régionale », la saisine pose d’une manière plus générale la question de savoir s’il est admissible de voir cette notion de « préférence régionale » érigée en une sorte de principe non écrit, qui serait supérieur à la prohibition légale de toute discrimination individuelle à raison de l’origine, du lieu de naissance ou de résidence, comme de toute appartenance ethnique supposée.

Sur les « discriminations positives » en matière d’embauche, cette saisine pose encore la question de possibles évolutions législatives applicables à la Réunion ou dans les DROM. A ce titre, la saisine tente de faire l’inventaire des « discriminations positives » admises en droit français et sur la base de différents rapports officiels et de la loi Egalité Réelle (votée à l’unanimité par le Parlement), de rappeler les données objectives et mesurables, pouvant être invoquées pour justifier dans notre territoire, des mesures dérogatoires en matière d’embauche.

Dans l’esprit de la LDH à la Réunion, ces saisines de l’autorité indépendante que constitue le Défenseur des Droits vise à éclairer ces débats et interrogations, en vue d’apaiser d’inutiles polémiques, mais aussi de contribuer, sur une base équitable et volontariste, à une meilleure cohésion sociale et à une égalité plus réelle.

Demander le texte de la saisine : saintdenis-reunion@ldh-france.org

Droits linguistiques : Saisine du Défenseur des Droits

Une première saisine porte sur nos droits linguistiques et les discriminations qui y sont liées. A partir d’un cas individuel où un bénévole associatif s’est vu interdire de s’exprimer en créole, dans le cadre d’une association nationale faisant appel à la générosité du public, il s’agit notamment, au vu des évolutions législatives, des pratiques et du nouveau code pénal, d’interroger sur une discrimination liée à la « capacité de parler une autre langue que le français » dans l’accueil dans les écoles des jeunes enfants créolophones ou ayant une langue maternelle autre que le français.

A partir d’un Rapport de l’IGESR de 2020 (Évaluation des dispositifs favorisant la prise en compte des situations de plurilinguisme mis en place dans les académies d’Outre-mer et à Wallis-et-Futuna), et d’une avis du CESE sur les langues régionales Outre-mer de 2019, cette saisine sollicite l’avis et l’intervention de Mme la Défenseur  des Droits sur la question de savoir si le manque ou l’insuffisance de l’usage du créole dans l’accueil des enfants n’aboutit pas, de facto, à une discrimination à l’égard des enfants créolophones par rapport à ceux dont la langue maternelle est le français.  

Plus précisément, compte tenu de l’importance reconnue de la langue maternelle dans la construction de l’estime de soi et pour les apprentissages fondamentaux, elle pose la question de savoir si la situation actuelle ne caractérise pas une différenciation prohibée à l’égard des enfants créolophones à raison de leur « capacité à s’exprimer dans une autre langue que le français », tombant de ce fait sous le coup de l’article 225-1 du Code pénal, dans sa version actuelle et si les taux élevés d’échecs scolaires et d’illettrisme dans notre Île ne seraient pas en rapport avec ce traitement initial discriminant. Elle interroge enfin sur les mesures correctives qu’il serait possible d’apporter, de manière générale et réglementaire, à cette situation.

Enfin, alors que le conseil constitutionnel a pu juger en 2011 que cette disposition constitutionnelle ne donnait aucun droit ou liberté opposable par les particuliers et les collectivités (Décision n° 2011-130 QPC du 20 mai 2011), le code pénal, comme le code du travail, reconnait depuis une loi de 2016 que constitue une discrimination reprochable toute inégalité de traitement négative opérée entre des personnes sur le fondement « de leur capacité à s’exprimer dans une langue autre que le français », ce qui introduit objectivement le critère linguistique, notamment pour les langues régionales, comme base possible de discrimination.

Alors qu’une récente loi est venue encourager l’enseignement des langues régionales et leur usage pédagogique (loi Molac) et que des États généraux du multilinguisme dans les Outre-mer doivent se tenir le 28 octobre 2021 à la Réunion, nous croyons opportun, pour la cohésion sociale et l’accès aux droits dans notre île, que votre autorité indépendante puisse se prononcer sur les droits linguistiques et les discriminations qui y sont liées, dans l’esprit de DUDH et de la convention des droits des enfants..

Demander le texte complet de la saisine : saintdenis-reunion@ldh-france.org

Lancement de la 30e édition du concours des « Écrits pour la fraternité »

Le concours fête ses 30 ans !
C’est sur le thème d’un monde nouveau, respectueux des droits, des libertés, de l’égalité et de la solidarité que nous proposons aux enfants et aux jeunes de s’exprimer pour cette 30e édition du concours. A partir d’une citation de Victor Hugo dans Les Misérables, on pourra analyser la période que l’on vient de vivre et se projeter dans un avenir différent, celui dont nous rêvons toutes et tous :« Rien n’est tel que le rêve, pour engendrer l’avenir ».
Aux enseignants : Pour inscrire votre classe, nous adresser un courriel à notre adresse saintdenis-reunion@ldh-france.org 
– Prenez connaissance de la plaquette de présentation de l’édition de cette année et diffusez l’information autour de vous.- Commandez dès maintenant des plaquettes de présentation papiers en envoyant votre adresse postale et la quantité souhaitée à clotilde.julien@ldh-france.org afin de les distribuer localement.- Rendez-vous sur le site de la LDH pour télécharger les fiches, la plaquette et l’affiche du concours.- Si vous participez pour la première fois, consultez le vade-mecum qui vous donnera des pistes pour mener à bien ce projet en section (il existe également un vade-mecum à destination des enseignants dans le cas où la section locale ne participerait pas au concours).– N’hésitez pas à commander à la boutique en ligne des plaquettes « Les actions de la LDH auprès des jeunes » : laboutique@ldh-france.org
Pour qui ?Le concours « Écrits pour la fraternité » s’adresse aux enfants et aux jeunes des classes de grande section de maternelle, de primaire, de collège, de lycée, d’établissement spécialisé, mais aussi aux centres de loisirs et aux individuels.Les sections et fédérations de la LDH travaillent localement avec les enseignants et éducateurs. Ainsi, chaque année, des établissements scolaires, instituts médicaux spécialisés, associations, centres de loisirs, conseils municipaux des jeunes… proposent de relever ce pari à de jeunes poètes en herbe.Comment ?Le respect du thème est primordial mais les œuvres, individuelles ou collectives, peuvent prendre plusieurs formes : textes en prose ou en vers, scènes de théâtre, textes de chanson, chansons en musique, œuvres vidéographiques, objets et œuvres graphiques, qui sont réparties en plusieurs catégories d’âges ou d’établissements ;Concernant les échéances :— pour les sections, n’oubliez pas d’envoyer au plus tôt vosfiches d’inscription. Celles-ci nous permettent d’évaluer la participation au concours et d’établir un fichier de contacts préalables ;— les participants ont jusqu’au 1er avril 2022 pour envoyer leurs œuvres aux représentants locaux de la LDH (sections) avec les fiches de participation rattachées à chaque œuvre ;— toutes les œuvres primées localement par les sections devront nous parvenir au siège impérativement avant le 22 avril 2022. Nous devons laisser le temps nécessaire aux membres du jury national d’examiner les œuvres avec attention.La réunion du jury se tiendra en mai 2022 et la cérémonie de remise des prix aura lieu en juin.

Sur la gestion de la crise sanitaire

Communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme de la Réunion sur la gestion de la crise sanitaire.

La LDH à la Réunion, inquiète de la gestion verticale de la crise sanitaire et préoccupée par les bouleversements des droits humains qui en découlent, réaffirme la nécessité de veiller au respect des droits fondamentaux de chacun.

En effet, le passe sanitaire, devenu notre sauf conduit nécessaire pour tous les actes quotidiens, menace notre droit fondamental à la mobilité et notre libre accès aux services culturels et commerciaux. De facto, il discrimine deux catégories de personnes, fracturant davantage la cohésion sociale déjà éprouvée par la pandémie.

De même, du fait d’un cadre légal prêtant aux interprétations multiples et de l’absence d’une pédagogie adaptée à notre société où l’illettrisme touche 21% des adultes, la gestion de la crise génère une défiance, laissant le champ libre aux fake news. Elle accentue le climat anxiogène née de la pandémie et aggrave la crise sociale déjà éprouvée durement. Allons-nous vers une société où la peur de perdre son emploi ou d’être exclus motivent les choix de vie et les choix politiques ?

En outre, le contrôle de la mobilité des citoyens par des agents non assermentés déroge aux règles de notre état de droit. La pandémie offre ainsi l’opportunité d’expérimenter à grande échelle la délégation d’une compétence régalienne à des sociétés privées, en gestation dans la loi pour une sécurité globale préservant les libertés (2021LOI n° 2021-646). Faute d’un cadre réglementaire et d’un cahier des charges, nous sommes en droit de craindre les abus de pouvoir.

L’utilisation de la peur en lieu et place d’une pédagogie visant à convaincre afin de susciter l’adhésion éclairée de chacun d’entre nous, pose question et nous inquiète. Nous sommes par ailleurs préoccupés par la généralisation à bas bruit d’une société de contrôle et pire d’une société d’inclus et d’exclus.

Dans ce climat marqué par cette crise multiforme, il n’est pour la LDH, qu’un seul objectif : celui de la défense globale et inconditionnelle des Droits et des Libertés partout et pour tous.

Le Bureau de la LDH

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