Pas de trêve hivernale pour les bidonvilles !

Recensement des évacuations forcées de lieux de vie occupés par des Roms (ou des personnes désignées comme telles) en France (1er trimestre 2015)

Les évacuations forcées ont continué durant l’hiver 2015.

Durant le 1er trimestre 2015, 1 476 personnes se sont faites évacuées de force par les autorités de 16 lieux de vie. 110 ont dû quitter 2 lieux de vie faisant suite à un incendie. Ces chiffres restent très élevés puisqu’ils correspondent à une moyenne de 110 personnes évacuées par les autorités par semaine.

Il y eut 10 évacuations forcées faisant suite à une assignation par les propriétaires des terrains ou des squats devant les tribunaux, 5 faisant suite à un arrêté d’insalubrité ou de péril pris par la mairie ou le préfet et 1 abandon de bidonville par les personnes elles-mêmes, sous la menace d’une évacuation forcée imminente. Sur les 16 évacuations effectuées par les autorités, des solutions d’hébergement temporaires n’ont été proposées que 6 fois. À la suite des 10 autres évacuations, les familles ont été tout simplement mises à la rue par les forces de l’ordre. Sur les deux évacuations faisant suite à un incendie, une solution d’hébergement d’urgence a été mise en place une fois.

Certes, le nombre de personnes évacuées n’est pas aussi élevé qu’au 1er trimestre 2014 durant lequel il y eut 2 904 personnes évacuées, mais il reste à des niveaux intolérables, de plus en période hivernale.

Tous les observateurs confirment que la circulaire du 26 août 2012 n’est pas appliquée et reste lettre morte dans la très grande majorité des évacuations.

Selon le Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe, M. Muižnieks : « Les Roms migrants continuent d’être ciblés et stigmatisés par certains discours de haine émanant d’acteurs politiques au niveau local et national et par une attention médiatique démesurée, parfois malveillante. […] Le Commissaire est très préoccupé par les violences subies par les Roms migrants commises par des particuliers et parfois même par des membres des forces de police…Il prie instamment les autorités de mettre un terme sans délai aux évacuations forcées de terrains occupés illégalement non assorties de solutions durables de relogement pour tous les occupants de ces terrains. »1

Nous continuons à préconiser l’arrêt des évacuations forcées qui ne résolvent rien, sont inutiles et indignes. Les financements (non négligeables) qui sont consacrés à mener ces opérations inhumaines seraient beaucoup plus efficaces s’ils étaient voués à aider ces populations à s’insérer en France pour qu’ils puissent y vivre en paix comme tout citoyen européen.

Dans l’hypothèse où la population se stabilisait dans ces lieux de vie, une politique de résorption des bidonvilles pourrait être mise en place dans un deuxième temps.

 

Remarque :
Ce recensement est le fruit d’un travail commun entre la Ligue des droits de l’Homme (LDH) et le European Roma Rights Centre (ERRC). Sans avoir la prétention à l’exhaustivité de la situation étant donné le manque de données officielles disponibles, ce recensement voudrait cependant en être l’expression la plus objective possible.

 

1. Rapport de Nils Muižnieks, Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe suite à sa visite en France du 22 au 26 septembre 2014.

 

Téléchargez le recensement du 1er trimestre 2015

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