La LDH soutient le film Help ou Visibilité de Sarah Franco-Ferrer

Sarah Franco-Ferrer a réalisé un film très ambitieux, une réflexion sur le monde, la civilisation, l’environnement, l’argent, les droits et les libertés, pour lesquels elle a réussi à obtenir la parole d’un ensemble ébouriffant d’intervenants.En vrac, Boutros Boutros Ghali, Georges Balandier, Jack Ralite, Armand Gatti, Edouard Glissant, Elie Domota, Gérard Garouste, Albert Jacquard, Noël Quidu, etc., ainsi qu’Henri Leclerc et Jean-Pierre Dubois. Sarah Franco-Ferrer les interview successivement, en contrepoint d’images très travaillées, selon un montage raffiné : des manifestations de rues – CRS et jeunes en capuchons, banderoles, syndicats et sans-papiers, lances à eau et violences ; des fauves magnifiques enfermés dans un zoo et des courses de chevaux, bref des images de la domination humaine, de la cruauté et de la résistance.

Le résultat est plutôt pessimiste : c’est d’abord le constat d’un fourvoiement politique, économique, écologique et finalement éthique. Avec quand même des perspectives de citoyenneté active et de résistance individuelle, politique et culturelle. Avec surtout une grande place donnée à la parole des sages, ceux qui détiennent le savoir et l’intelligence : à l’opposé des micros-trottoirs complaisants dont on nous abreuve, confondant la parole du peuple et le café du commerce.

Outre les questions qu’il a le mérite de poser, au plus haut niveau, le film lui-même pose d’autres questions. Comment réunir ces politiques, ces scientifiques, ces intellectuels et le mouvement social, la jeunesse qui s’agite dans les rues ? Et surtout : dans quelles perspectives, au-delà de la dénonciation ? Si Jack Ralite ou Jean-Pierre Dubois ouvrent des perspectives aux luttes, d’autres comme Armand Gatti semblent les dissoudre dans l’éther. Il n’est pas sûr que ces pensées, certes toutes critiques, conduisent le spectateur à une vision cohérente. Du moins à s’interroger sur le sens de ce qu’il vit, ce qui est déjà essentiel.

Ensuite on peut regretter l’absence de parole donnée à la jeunesse et aux femmes. Cela dit une réalité, c’est que l’autorité intellectuelle suppose la maturité et que le monde de la pensée est encore aujourd’hui très majoritairement masculin. Mais il existe en France aujourd’hui des femmes politiques ou de brillants jeunes chercheurs : la place des jeunes et des femmes n’est pas seulement dans la rue.

Ces réserves faites, le film mérite absolument d’être vu et diffusé pour l’importance des débats qu’il ouvre, ce qui est essentiel pour nous.

Film documentaire, 2011

82’

Réalisation : Sarah Franco-Ferrer

Production / Diffusion : l’Atelier Quetzal, la Parole errante

1ère projection : 7 décembre à 20h, Mairie du 10e, avec Pierre Tartakowsky.

Télé libre : http://latelelibre.fr/libre-posts/teaser-doc-help-ou-visibilite/

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