La LDH soutient le film “L’Affaire Chebeya, un crime d’Etat ?” de Thierry Michel

Sortie en salle le 4 avril 2012

Le 2 juin 2010, à quelques jours du cinquantenaire de l’indépendance de la République démocratique du Congo, Floribert Chebeya, militant congolais des droits de l’Homme, président de La Voix des sans-voix, est retrouvé assassiné dans sa voiture aux environs de Kinshasa. Son chauffeur, Fidèle Bazana, a disparu (son corps n’a toujours pas été retrouvé, ni rendu à sa famille). La veille, F. Chebeya avait été convoqué par l’inspecteur général de la police, le général Numbi, réputé pour sa dureté dans la répression des manifestations d’opposants. Précisons que F. Chebeya était en train de conduire une enquête sur ce même général. Il envisageait de transmettre un dossier à la justice belge et à la Cour pénale internationale, pour son implication dans la répression sanglante du mouvement Bundu dia Kongo (Bas-Congo).

L’enquête visant à identifier les auteurs de ces assassinats a été bâclée. Des arrestations ont eu lieu, mais quelles garanties lorsque l’on sait que ce sont des policiers qui ont enquêté… sur des policiers, dans un pays miné par la corruption.

Le procès a quant à lui été filmé huit mois durant par Thierry Michel, au sein de la prison de Makala, devant la Cour militaire. La caméra suit les personnages, laisse parler sons et images. Le procès ressemble un peu à une pièce de théâtre, pleine de non-dits, de silences pesants, de dénégations nerveuses, de regards plus parlants que des discours. Sur le fond, il constitue tout de même une leçon de démocratie, il montre le travail de recherche de la vérité. Le public est nombreux, une quarantaine d’avocats, des journalistes attentifs. Au final le procès a ainsi permis d’apporter quelques réponses, de montrer les tentatives de masquer les faits. Mais il laisse un goût d’inachevé. Ces prévenus sont-ils de vrais coupables, ou des lampistes ? La justice n’est pas sortie du procès… Celui-ci laisse aussi un goût amer, avec les menaces proférées contre des témoins, les tentatives d’intimidation auxquelles ont dû faire face les familles Chebeya et Bazana (finalement contraintes à l’exil, l’une au Canada, l’autre en France).

Le documentaire de T. Michel a clairement fait apparaître les points forts et les manques de ce procès. Au-delà, il pose des questions universelles sur la défense des droits de l’Homme et l’impunité. Mais servira-t-il de leçon aux tueurs ? Les empêchera-t-il d’assassiner à nouveau ?

Plus d’informations sur www.chebeya-lefilm.com

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