30e anniversaire de l’abolition de la peine de mort en France

Discours de Pierre Tartakowsky, président de la LDH, prononcé le 10 octobre 2011 à l’occasion du au « village contre la peine de mort », sur le parvis de l’Hôtel de ville de Paris.
La LDH tout naturellement est présente à ce rassemblement de témoignage et de lutte contre la peine de mort. Elle s’est créée contre l’injustice, et la peine capitale représente le summum de l’injustice, d’autant plus insupportable qu’elle est, par définition, sans remède. Nous sommes donc partie prenante des mobilisations qui se développent pour l’abolition de la peine de mort depuis sa création. Cela a été le cas pour les Rosenberg, pour Mumia Abu Jamal et plus récemment pour Troy Davis ; c’est un combat que nous continuons de mener concernant l’Iran, la Chine, et partout ailleurs.

Cet engagement est par ailleurs inséparable de ceux que nous menons contre toute tentative de faire prévaloir dans notre pays la barbarie sur la justice.
Certes, la peine de mort est interdite en France et elle n’est pas, comme on dit, « tendance ». Mais elle compte toujours ses partisans ; et leurs propositions dessinent dans le débat public l’ombre portée d’une guillotine d’un type nouveau. C’est ainsi qu’une série de propos, de propositions sur la justice et la peine sont délibérément structurés – sinon par la peine de mort du moins par sa logique prophylactique –, qui est celle de l’élimination définitive.

On a vu ces derniers temps, formulées au plus haut degré de l’Etat, des théories sur la maladie mentale, sur la criminalité, sur telle ou telle population, qui les renvoient – et nous avec elles – aux temps funestes des théories génétiques, de l’eugénisme et d’un hygiénisme radical.
Des actes ont suivi, bousculant les droits et les libertés, ouvrant par exemple à des peines d’incarcération quasi à vie, à des enfermements sans fin, au motif, non pas de ce qui avait été commis, mais de ce qui pourrait peut-être se commettre…

C’est pour faire reculer ce scénario à la « Minority report », cette culture mortifère et les peines qui l’accompagnent, que la LDH lie étroitement ses mobilisations contre la peine capitale dans le monde à celles qu’imposent les progrès de la justice en France. Nous sommes heureux de pouvoir le faire aujourd’hui tous ensemble. Sachons poursuivre nos combats dans l’unité la plus large.

Pierre Tartakowsky
Président de la LDH

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